Élise

Élise. Oui.
Ce prénom est plénitude. Ce prénom est appaisant. Ce prenom est beau.

Bonjour, Élise.
Tu ne me connais pas. Je ne te connais pas. Je ne connais que ton semblant de plénitude.
Cette plénitude, quand tu es adossée à cet arbre, majestueux, les yeux fermés, ta fine bouche, close, humant l’air revigorant de cette forêt.
Forêt dans laquelle tu viens souvent, cette forêt pleine de vie, pleine de couleur, pleine de beauté.

Pleine de beauté, tu l’es aussi.
Mais pas cette beauté commune à tous, non, une beauté bien singulière.

Beauté splendide
Beauté candide

Beauté illuminée
Beauté affirmée

Entourée d’un halo
Faisant l’écho
D’une Déesse.

Beauté parfaite.

Il t’arrive parfois de te balader sur la plage.
Le vent caresse ton visage, tes cheveux, fins et souples, et fait voler ta robe, aussi légère que ce sable. Ce sable blanc, innocent, fin comme le lin, et doux comme la soie.
Alors tu t’assied, face à cette étendue d’eau.
Les cheveux au vent, tu fixes la mer, cette immensité de liquide bleu, de ce bleu si clair est beau. De ce bleu réservé, de ce bleu amoureux.

En fin de compte, tu es comme ce bleu. Tu es comme la mer.
Belle, claire, réservée, et amoureuse.

Mais pas de cette façon si singulière. Non, tu n’es pas amoureuse de cette façon.

Amoureuse affectueuse
Amoureuse gracieuse
Amoureuse

Amour possible
Amour impossible

Amoureuse mélancolique
Amoureuse autrefois
Rieuse radieuse lumineuse
Amoureuse
Malheureuse.

Alors de perles autrefois heureuse et d’un éclat joyeux, coulent sur ton visage, maintenant déformé par la tristesse, pour être amorti par le sable et se mélanger avec.

Élise, je ne te connais pas. Mais,
Sois
Heureuse.

Lucie

Lucie. Lucie, c’est la lumière qui caresse notre visage un soir, sur la plage, le soleil orangé de fatigue.
Lucie, c’est cette Lumière,

Douce Lumière,

Mélancolique Lumière,

Lucie, c’est la secousse qui fait vibrer notre corps. La secousse que l’on attend tous impatiemment.

Lucie, c’est cette Secousse,

Gracieuse secousse,

Fébrile secousse,

Lucie, c’est la beauté. Une beauté cachée et sensuelle. Cette beauté dont tout le monde rêve.

Lucie, c’est cette Beauté,

Fragile Beauté ,

Torride Beauté,

Mais Lucie, c’est aussi l’Océan.

L’océan empli d’espoir, de rage, de tristesse. L’océan que l’on redoute, tout en étant content de le voir.

Lucie, c’est cet Océan,

Océan mélancolique,

Océan nostalgique,

Lucie, c’est aussi la Tristesse.

Cette tristesse qui nous déchire les entrailles, qui nous prend tout, joie, sourires, rires. Cette tristesse sans pitié.

Lucie, c’est cette Tristesse,

Tristesse dévastatrice,

Tristesse révélatrice,

Et Lucie se transforme,

Autrefois Joie,

Beauté,

Sourires,

Maintenant

Larmes,

Fatigue,

Tristesse, font place.

Lucie est maintenant ce Néant,

Sa Jeunesse est passée,

Son innocence a disparue,

Ses responsabilités sont là,

Son indépendance est venue,

Lucie, c’est ce Néant.

L’endroit

 » La tête embrumée, le corps douloureux, Camille se réveille. L’odeur du sang écoeure son odorat.
Camille se sent perdue. Et elle l’est.
Ses cheveux sont collés à sa nuque dû à la transpiration, ses membres, endolories, et sa bouche et sa gorge, asséchées.
Assise sur un lit rappelant ceux de l’hôpital, elle scrute la pièce. Elle n’est composée que de quatre murs gris, délabrés, d’un néon éclairant faiblement l’endroit, ce lit, et l’esprit effrayé qu’est Camille.
La chaleur de la pièce est écrasante et l’odeur de renfermé lui fait avoir des hauts de cœurs fréquents.
Mais un sourire affaibli apparu à la commissures de ses lèvres : Il y a une porte Oubliant toutes ses douleurs, elle se rue dessus. Elle se mit vite à pleurer : La porte est fermée. Déterminée, elle frappe encore une fois avec ses poings. Ces derniers saignent abondamment, et son visage est embué de sang et de larmes.
Elle ne peut rien faire.
Elle retourne alors sur le lit, vide.
C’est alors qu’un écran apparaît.
Son cœur, si fatigué, réagit à la seconde près.
Elle le fixe, essayant de voir quelque chose à travers, mais ce n’est qu’un écran noir.
Soudain, un gaz emplit la pièce. Camille se relève difficilement et commence à s’agiter en se demandant si sa mort se passera ici. Mais elle est bien trop affolée pour voir le visage d’un homme, affiché sur l’écran, avec un sourire pervers. Camille ressent alors une violente douleur dans les poumons, une certaine envie de respirer, un manque d’air, alors elle ouvre grand la bouche, inspire, sauf qu’à chaque fois, elle se tord de douleur, elle ne peut plus rien faire, son corps tremble, elle n’est plus que spasmes, larmes, rage, désespoir.
Elle s’écoula à terre.
Et l’homme auparavant sur l’écran est maintenant près de Camille
Toujours avec le même sourire. « 

Alexandre

​Alexandre, bonjour. Tu me permets que je te tutoie?

J’aime bien ton prénom. Mélange de virilité et de douceur.
Mélange étrange

Beau mélange
Louanges chantées,

À cet étrange mélange
Ange perdu, Archange perdu

Chantons tes louanges, bel Ange

Chantons les louanges,

D’un homme, d’un ange

Doux, viril, et étrange

Perdu, sûr, et,

Changes, Ange.
Chantons tes louanges.
Tu es cette sorte d’ange, d’ange protecteur, qui vole au-dessus de notre tête

Et nous chuchote :

<<Ne t’inquiète pas. Vas-y. Je suis là. Il ne va rien t’arriver. >>

Tu es cette sorte d’ange, à qui on demande l’aide, à qui on demande ses bras, à qui on demande un câlin, des paroles, qui nous protège.
Tu sais, ton prénom évoque une forte envie d’aimer et de défendre les personnes proches.
Nous rêvons tous de lui, cet homme, cet ange,
Ange déchu

Homme perdu
Ange apaisant

Homme aimant
Ange rieur

Homme crieur
Ange chaleureux

Homme affectueux
Ange heureux

Homme heureux.
Nous chantons tes louanges, ange,

Nous chantons tes louanges, homme,
Alexandre,

Nous chantons tes louanges.

Partir.

Partir. Fuir. Abandonner. Par un ral bol total, quitter cette maison lugubre et froide, et dès la porte passée, s’évader. S’évader dans la forêt luxuriante. Les gouttes d’eau tombant sur notre corps, perlant le long de nos cheveux, coulant sur notre cou, et nous courons à travers la verdure, belle et vivante, feuilles sur le sol, des brindilles qui craquellent le long de nos pas, et malgré notre souffle agonisant et nos membres à bout, un étrange sourire se placera sur notre visage : La fierté.
Et nous serons heureux à travers la fine pluie. Nous crieront à la vie. D’un cris qui nous remue, d’un cris qui nous bouge, d’un cris heureux. Quand nos membres nous lâcherons complètement, quand notre corps malgré que notre esprit soit d’un fer incassable, nous laissera tomber, nous tomberons. Nous heurteront le sol boueux, notre visage encrassé et cassé, le premier, puis le corps entier. Mais à travers la boue qui coule sur notre visage à cause de la pluie, nous souriront.
Parce-que nous avons réussi à nous évader. Et cette chute, cette première chute, n’est qu’un signe, n’est qu’une confirmation, un avertissement : Si l’on veut continuer à s’évader, à traverser cette luxuriante forêt, nous pourrons tomber. Et si nous n’en avons pas envie, si nous ne voulons pas nous salir, il nous faut rentrer. Sauf que nous ne serons pas comme ça.
Et nous nous relèveront, nous nous assiérons, dos au tronc d’un arbre, nous sentirons l’écorce mouillée et rugueuse qui est à notre dos, nous balanceront notre tête au rythme de la pluie qui ne finit pas de tomber, que l’on récupère sur la paume de notre main, se mélangeant au sang de la chute. Nous resteront adossé à cet arbre pendant quelques temps, le temps de rêver, d’observer cette forêt, de jouer avec une fragile brindille, de déchirer une feuille en morceaux, de boire les gouttes d’eau en penchant la tête, nous pourrons par la même occasion observer le ciel, gris, triste, mais avec un étrange éclat, un éclat joueur. Jouons avec le ciel. Jouons avec la terre. Jouons avec la vie. Dans cette forêt, à l’abri, nous sommes gagnant. Alors nous resterons comme ça. Content de s’être évadé, et, le sourire béat au visage, les larmes se mêlant à celles du ciel, nous serons heureux.

Ilan. 

Ilan.

C’est beau comme prénom. 

Ilan. Oui. 

Ilan, tel sa signification, est un arbre majestueux. Un arbre qui fait virevolter ses feuilles au rythme de la douce mélodie du vent. Ce vent qui caresse Ilan, douce caresse d’automne, caresse parfaite, caresse exotique.
Ilan, j’aimerai te ressembler.
J’aimerai pouvoir être près de toi, mais pas comme tout ces enfants.

Pas comme tous ces enfants, tristes, s’adossant à ton écorce,

Écorce ancienne

Écorce froide, Écorce

Pleine de larmes

Pleine de joie.
J’aimerai pouvoir être près de toi, mais pas comme tout ces adultes.

Pas comme tout ces adultes, rêveurs, observant ta beauté,

Beauté figée

Beauté splendide, Beauté,

Autrefois laideur

Autrefois haine, Beauté

Colorée. Vive. Beauté. 
J’aimerai pouvoir être près de toi, mais de ma façon. 

J’aimerai être fixée, être figée, changeant au fil des saisons, me dénudant au fil des saisons.
J’aimerai pouvoir être près de toi, être comme toi. 

J’aimerai pouvoir t’observer, avec ce calme seulement brisé,

par la douce caresse qu’est le vent,

par les cris joyeux des enfants, 

par des adultes, amoureux, 

un peu trop timides,

échangeant des mots doux.
J’aimerai pouvoir voir,

rouges, jaunes, vertes feuilles

se mélanger

J’aimerai pouvoir voir

Nos feuilles virevolter

Ensemble

Unies

Aimantées

Les une par les autres.